mardi, novembre 14, 2006

Du principe de précaution

Ce billet vient suite à une discussion au sujet des OGMs tenue sur un autre blog, celui des Réacs de Gauche (dans mes liens). Le principe de précaution est à la discussion sur l'écologie ce que le fascisme est à la discussion sur la politique : un lieu commun ressassé dont le vulgaire ne sait pas ce qu'il veut dire.

D'une manière générale, cela signifie ne pas faire quelque chose si les risques sont trop élevés. Autrement dit, c'est un principe qui n'a aucune raison d'être énoncé en tant que tel ou sous ce nom. En effet, déterminer les inconvénients (probabilités d'apparition, conséquences) et les avantages (probabilités d'apparition, conséquences) afin de déterminer si oui ou non on effectue un acte, c'est la base même du raisonnement de l'être humain. Ce dernier peut le faire de façon rationnelle ou non, la rationnalité intervenant dans les évaluations des aspects positifs ou négatifs. Le principe de précaution, c'est donc en général le mode de raisonnement humain - c'est pourtant rarement en ce sens qu'on l'utilise.

Comme annoncé en introduction, le terme est usité essentiellement au cours de discussions écologistes. Le sens devient alors différent, ainsi la loi Barnier dit : [principe] « selon lequel l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement, à un coût économiquement acceptable ».

Détournement de sens éhonté, puisqu'on en arrive à un principe environnemental, qui consiste à dire que les risques environnementaux doivent être surpondérés (*), ou encore que le long terme doit être réévalué à la hausse. Soit dit en passant, c'est une loi qui reste très modérée, puisqu'elle laisse libre cours à tout au vu d'un « coût économiquement acceptable » d'un flou artistique.

Encore une fois, je n'ai rien contre l'évolution du langage, du moment que le vulgaire a conscience de ce qu'il y a évolution. Aujourd'hui, parler du principe de précaution n'a plus beaucoup de sens, parce que les gens l'utilisent comme un épouvantail déplumé et à la silhouette mal définie qui, loin d'éloigner les nuisibles, en attire d'autres du type charognard. Qu'on soit contre quelque chose, et hop ! évoquer le principe de précaution permet de se draper dans la dignité d'un terme vide, avec une caution scientifique et morale qui ne saurait être entamée - qui irait remettre en cause le fameux principe de précaution ?

Qu'on commence à parler de principe d'environnement, auquel du reste j'adhère en grande partie, et on pourra commencer à discuter sereinement. Qu'on commence à discuter d'un appareil législatif digne de ce nom - ce qui nécessite un financement élevé - et on sera bien parti.

Cela dit, mettre en exergue les OGMs, c'est aussi judicieux que pointer du doigt l'élève de 6ème qui fume en cachette quand à côté un dealer vend de la cocaïne au kilogramme : que les soit-disant écologistes parlent des choses qui fachent vraiment, pas de celles acquises à la cause et où on peut aller saccager le bien d'autrui en espérant la grâce présidentielle. Par exemple, qu'ils amènent sur la place publique le débat sur REACH et la nécessité d'aller bien plus loin - et rapidement !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me sens un peu visé là^^

Je rappelle que je ne suis nullement un fan du moustachu têteur de bouffarde

J'ai bien signalé qu'à mon avis, les inquiétudes étaient excessives; mais j'ai aussi ajouté que les "experts qui savent" et qui ont tué massivement: ceux qui ont traité le sang par pools regroupant des centaines de dons à des fins de rentabilité économique, ceux qui ont transformé les vaches en animaux cannibales, ceux qui nous ont certifié (il y a peu de temps encore) "qu'on en faisait beaucoup trop à propos de l'amiante" avaient beaucoup contribué à la diffusion de la méfiance envers la science qui va trop vite et qui s'écarte par trop du cheminement naturel.

Normalement, en y mettant le prix, on trouve toujours un assureur... SAUF contre les éventuelles conséquences nocives des OGM ou... des radiations électromagnétiques (téléphonie mobile) Etonnant, non?

La synarchie - gouvernement du peuple par les élites - a trop souvent mené à la catastrophe pour que les dites élites ne gagnent pas en modestie.

Baygon Jaune a dit…

[Je me sens un peu visé là^^]
Il ne faut pas : cette note trotait dans ma mon humble cortex depuis un moment, ça a juste été un déclencheur.

Si tu me lis, tu verras que je traite surtout du problème de la langue - le terme /principe de précaution/ n'étant pas adapté. Et que j'ajoute que les OGMs, c'est l'arbre relativement sain (on peut en discuter) qui cache la forêt complètement malade (cf REACH).

Baygon Jaune a dit…

Sur les assurances, c'est un problème basique : ils n'ont rien à y gagner, et tout à y perdre. Quand bien même le risque est minime (*), du simple fait que le dit risque concerne énormément d'utilisateurs et que les preuves seront discutables et donc sujettes à jugement.
Par ailleurs, c'est aussi un effet marketing : les grosses boites d'assurances sont tenues par des gens qui ont des aussi des investissements en téléphonie et en agro-alimentaire. Assurer c'est reconnaitre un risque, et c'est tendre le bâton pour se faire battre (je ne dis pas que ça soit juste et sain comme raisonnement, je ne fais que l'expliciter).

(*) : tout non évalué qu'il soit.