dimanche, novembre 26, 2006

Hygiène des lieux publics

Est-il lieu plus vulgaire que les toilettes, et en particulier celles des lieux publics ? Et pourtant, je m'aperçois avec effroi que je ne leur ai rien consacré, pas une ligne - et pourtant il y a tant à dire !

Suivons donc le parcours d'un homme vulgaire - que nous appellerons V - s'aventurant dans ces lieux censés êtres accueillants, mais ô combien souvent hostiles.

La porte d'accès, quand il y a en a une, s'entrouve d'abord sur un reflux de « senteurs printanières » d'un chimique achevé, dont le but n'est pas de masquer les mauvaises odeurs - naturelles en ces lieux - mais bien de s'assurer du trépas définitif des cellules olfactives de V. Heureusement, le produit n'est pas encore au point et il ne réussit qu'à les plonger dans un coma de quelques heures. La nausée consécutive à cette première agression n'est que passagère, V ouvre donc complètement la porte et entre.

Là, il voit quelques urinoirs, dont le plus souvent un au moins est bouché - mais pas toujours de façon visible, ce qui aura des conséquences facheuses si on l'utilise - et qui sont quoi qu'il en soit de dangereux pièges : projections diverses (lors du dépôt comme lors de de la chasse), voisins importuns, etc. Quel que soit son besoin, V se dirige donc vers les cabines.

Passons sur l'éventuel temps d'attente, V entre dans la cabine. Il s'arme de courage devant le spectacle de désolation qui peut s'offrir à lui, mais c'est son jour de chance et les lieux sont relativement convenables, et miracle ! ils sont garnis de papier.

La cuvette, elle, est souillée par de multiples résidus. V est consterné, fait le ménage, essuie consciencieusement la lunette, et s'assoit. Il comprend alors la raison de l'état des lieux : une affiche, collée à l'intérieur de la porte, annonce « Respectez ces lieux, faites comme chez vous » (*). V fulmine, finit son affaire, vérifie la propreté des lieux, et va se laver les mains.

Se laver les mains, c'est anodin, mais dans des toilettes publiques ça peut devenir épique : il y a là une sorte d'incarnation de la loi de Murphy. Déjà, le savon est soit en manque, soit douteux. Ensuite, le jet d'eau est soit inexistant (et il va falloir 2 heures pour se rincer), soit bien trop fort (et V sera copieusement arrosé). Et pour se sécher les mains il y aura le choix enrte un immonde tissu ou un sèche-mains à chaleur qui dépense plus d'énergie en 1 minute qu'un village africain en 1 an et dont le mode d'activation est plus qu'obscur.

V sort enfin de l'épreuve, les narines toujours anesthésiées, victorieux mais épuisé.

(*) Je ne sais pas vous, mais personnellement chez moi je me permet toutes sortes de choses. La propreté de mes toilettes, c'est mon affaire - sauf quand j'ai des invités. Il en est de même pour la propreté et le degré de rangement des lieux en général. Au contraire, dès que je suis chez quelqu'un, et par extension dans des lieux publics, je prend le plus grand soin à ce que tout soit impeccable, puisque je n'ai pas à faire subir aux autres quelque inconvénient que ce soit ! D'ailleurs, si on veut qu'un invité se mette à l'aise et n'hésite pas à déranger, ne lui dit-on pas « fais comme chez toi » ? Alors de grâce, cessez de mettre ces affiches et préférez-leur des « Quand on est chez les autres, on est exemplaire ! », ou encore « Laissez ces lieux dans un état impeccable » (et surtout pas dans le même état qu'on l'y a trouvé).

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Une note d'anthologie, à laquelle je ferai une publicité maximale! ^^

Quand je t'aurai dit que la pire des toilettes françaises est toujours plus accueillante que des toilettes publiques brésiliennes, tu comprendras pourquoi je souffre souvent de constipation chronique là bas...

Anonyme a dit…

Encore un article qui reflète vraiment une bien triste réalité; aura-t-on une suite concernant les toilettes brésiliens?

Anonyme a dit…

je m'y attelle, pour "chez moi".

Sinon, j'ai récemment appris que quand on vous demande:

"comment allez vous"?,

il vous est possible de répondre :

"mal, je suis constipé". C'était la question rituelle des médecins, il y a quelques siècles.

Pour plussoyer l'ami Baygon jaune, j'ajouterai que les toilettes de son domicile sont bien un lieu intime où on fait ce qu'on veut. la preuve, leur dénomination ancienne: "les privés"

Baygon jaune a évoqué (juste esquissé) la pénibilité que représentent les "voisins importuns". Je lui recommande chaudement les sanitaires publics des gares du Nord et de l'Est, à Paris...

Et encore, il n'a pas évoqué ces quelques cafés ou subsistent encore les modèles de WC "à la turque" associés à une chasse d'eau niagaresque. Impossible d'évacuer le fruit de ses entrailles, sauf à être équipé d'une tenue d'égoutier.

Et je ne parle pas du porte cartes de crédit ou du portefeuille qui a plongé dans le siphon quand on s'est accroupi et qu'il faut récupérer à la main puisque l'espace est si exigu et bien entendu dépourvu de porte manteau qu'on ne peut se "préparer" avant de se lancer dans une opération hasardeuse mais nécessaire.

Anonyme a dit…

Chez moi, les toilettes sont toujours impeccables, quiconque passe à l'improviste serait heureux d'y demeurer un moment.