mardi, mars 14, 2006

Gastronomie de masse

Il ne sera pas ici directement question de la « malbouffe », sujet tant discuté par ailleurs. J'entend simplement parler ici de mon exaspération vis-à-vis de l'attitude du vulgaire face aux cantines, restaurants universitaires et autres sustentateurs de masses.

Pour la majorité des gens, aller manger à la cantine, c'est nul. Ce qu'on y mange est forcément moins bon, voire complètement dégueulasse, puisque produit en masse ; sans compter le fait que les menus sont rarement du goût du vulgaire, sauf à ce qu'il y ait un steack-frites.

Je prétend, quant à moi, que c'est dans la grande majorité des cas tout à fait faux. J'ai fréquenté un grand nombre de ces établissements, et s'il est vrai que certains plats (dépendant de la cantine) sont à éviter, la tenue générale a toujours été très acceptable. En particulier, elle a bien souvent été au dessus du niveau de ce que je pouvais aller manger chez ceux qui la conspuaient le plus vigoureusement. De surcroit, il y a toujours un hiatus entre ce qui est dit et le comportement adopté par ailleurs ; parce qu'il faut quand même être singulièrement borné pour croire que la nourriture sera mieux préparée dans un « restaurant rapide » quelconque que dans une cantine.

Outre la teneur des menus - rendez-vous compte, manger des légumes - je pense que la principale cause en est le sentiment d'être obligé de manger comme et avec les autres. On peut aller manger dans un rade parfaitement dégueulasse sans trop se plaindre, parce qu'on aura choisi d'y aller. Et à domicile, ma foi on ne peut blâmer que soi-même ou un proche, donc on fermera les yeux ...

Par contre, médire du service (semi-)public dans le cas des cantines scolaires ou de la société de restauration dans le cas de restaurants d'entreprise, ça coûte pas cher, ça soulage, et c'est de bon ton ; c'est même pour ainsi dire une figure de style obligatoire. Mais une figure de style qui m'insupporte !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Toutefois, moyens obligent, certaines cantines sont effectivement lamentables.

Elles ont des problèmes que n'ont pas la restauration rapide.

Par exemple, la diversité des menus proposés imposent une plus grande dotation matérielle. Or, lorsque l'économat fait la sourde oreille, le travail se fait en sous-équipement, ce qui a de grandes chances de se répercuter sur les qualités gustatives des mets proposés.

Par ailleurs, il ne semble pas qu'il existe de régulières évaluations de ces cantines. Du moins, pas partout. Or c'est sans doute une des causes de cette impression de contrainte que peut avoir le public de ces cantines. Si le public n'aime pas ce que fait un restaurant, il n'y va plus, c'est un lieu externe qui n'a pas vocation à le servir lui en particulier. Pour ce qui est de la cantine, qu'il y aille ou qu'il n'y aille plus à de fortes chances de ne rien changer du tout. Par ailleurs, ne plus y aller signifie aussi perdre le bénéfice de la proximité et d'un prix réduit par des accords (ainsi, les cantines scolaires et universitaires bénéficient parfois de subventions de fonctionnement).

Personnellement, je n'ai connu que peu de cantines infâmes. En règle générale, c'est moins bon qu'à la maison, mais c'est acceptable en terme de restauration collective. Toutefois, je pense que certaines évaluations ne serait pas malvenues. C'est un peu un problème des structures publiques que d'avoir peur de s'évaluer, et par conséquent fournir l'impunité aux malfrats qui ne servent pas le public avec diligence, cela au dépend de tout ceux qui sont intègres et qui se coltinent ainsi une mauvaise réputation pour rien.

C'est un peu le problème habituel de la fonction publique. D'un côté, certains tapent sur les fonctionnaires comme s'il s'agissait d'un sport national, méconnaissant le fait que des milliers de fonctionnaires le sont par volonté de contribuer à la société utilement, sous payés par rapport à leur potentiel réel (avec bac+5, l'endroit où on est nécessairement le moins bien payé, c'est dans le public). De l'autre, les contrôles faits dans la fonction publique n'ont pas de critères sains pour évaluer l'efficacité des uns et des autres. La fonction publique en général touche l'humain, demander donc des chiffres est une démarche maladroite (exemple : les taux d'élucidations de la police, qui font plaisir en haut lieu, ont le fâcheux inconvénient d'être une incitation à ne se préoccuper que de délits mineurs simples à résoudre, en laissant de cotés des cas plus complexes qui sont pourtant socialement plus nocifs). Mais ne faire aucune évaluation fait qu'on ne s'étonne plus que tel CPE de tel établissement scolaire n'arrive jamais avant 9h30 et ne part jamais après 16h, dépose des arrêts maladie quand ça lui chante, ne fait pas un tiers de ses attributions théoriques, utilise le personnel de l'établissement pour des besoins personnels... et en plus devient ensuite chef d'établissement, alors qu'une simple étude de son activité laisse une impression des plus déplorables.
Or la France étant un pays bien organisé socialement, il y a beaucoup de fonctionnaires. Il est donc facile de tomber sur les quelques malfrats de la fonction publique dont la veulerie apparente ne sera pas sans impact sur l'image du corps tout entier.

Il est donc utile de dénoncer la vulgaire attaque systématique de la fonction publique. Mais il serait fabuleux que cette dénonciation puisse s'appuyer sur des éléments tangibles qui montrent une volonté publique de s'assurer de la qualité des activités des services publics.

Mes exemples donné plus haut parlent d'ailleurs de métiers de terrain de la fonction publique, dur à évaluer en terme d'efficacité nette. Dans les domaines plus administratifs, on devrait pouvoir plus facilement faire du ménage. Il m'est arrivé une fois d'avoir à me rendre à la CAF : ça fait bizarre de s'entendre parler comme à un cas social, avec une agressivité incroyable, par une mégère sur-obèse dont la maîtrise de la langue française semblent se limiter à l'emploi de 3 mots. Peu importe les raisons de la personne en question, il est très clair que ça donne des hemmoroïde de penser qu'on puisse être traité ainsi par ses employés : car un fonctionnaire n'est rien d'autre qu'un employé de la Nation.

Baygon Jaune a dit…

Eh bien, voilà un commentaire très long et qui dévie nettement du sujet ... Qu'à cela ne tienne 8^p

Au sujet des cantines lamentables : il doit certainement en exister. Il se trouve juste que je n'ai pas eu la malchance de tomber sur une, et pourtant comme je l'ai déjà dit j'en ai fréquenté un grand nombre. Anedcotiquement, les « pires » étaient celles d'établissement dits prestigieux - elles restaient toutefois correctes. Et quelque soit la qualité, finalement, il y a toujours les mêmes personnes qui vitupèrent.

Passons au HS : je suis tout à fait d'accord sur la nécessité d'une vraie évaluation des fonctionnaires en général, notamment parce que je sais que cela ne serait vraiment dommageable qu'aux rares - mais si apparents - nuisibles qui l'handicape.

Par contre, la façon dont serait mise en place une telle évaluation est déjà beaucoup plus délicate - sur le peu d'évaluation qu'il y a déjà, il n'est pas rare d'assister à des guéguerres de territoire, des abus de pouvoir, des placements d'amis (par exemple des syndiqués).
Que proposez-vous, concrètement, comme moyen d'évaluation typique ?

Anonyme a dit…

Pour les cantines, je ne veux pas donner de nom.

J'en ai vu quelques unes. J'ai mangé dans celles de certains organismes internationaux, dans un succursale du ministère de l'intérieur, dans des collèges et lycées. En règle générale, je n'ai pas eu à me plaindre.
J'ai tout de même croisé deux établissements (dont un Lycée d'Enseignement Professionnel) ou l'alimentation n'était pas comestible aux deux-tiers -- et croyez-moi, je suis pourtant pas si exigeant.

Pour le HS, c'est vrai qu'il est facile de recommander des contrôles mais plus complexe de les mettre en place.
Je pense que sur ce point, on doit avant-tout réfléchir en fonction des attributions propres de chaque groupe de fonctionnaire.

Je pense qu'on peut évaluer la compétence des services purement administratif en terme de chiffre de choses traitées. On peut par exemple sans doute évaluer l'efficacité des services des impôts en fonction du nombre effectif de dossiers traités. Les principes de gestion qui sont appliqués dans le monde du privé peuvent sans doute dans les grandes lignes transposés, vu la proximité des objectifs.

Pour ce qui est de l'éducation nationale ou de la justice, domaines bien spécifiques (dont la rentabilité économique ne peut être vue comme une finalité), je pense qu'on devrait subtilement revoir les mécanismes de carrière et d'inspection.
En terme de contrôles, je pense qu'une bonne solution serait de mettre en place un système de recueil de signalement de problèmes lié à un fonctionnaire. Un tel système serait informatisé, accessible uniquement aux fonctionnaires travaillant au même endroit que le concerné. Les signalement seraient anonymisés au final, mais une trace serait conservée (pour éviter les abus, les harcèlements - par exemple, 30 signalements venant d'une même source ne vaudrait pas 30 signalement). Ces signalements inciteraient les services d'inspections à faire de courte inspections inopinées. Si les problèmes sont confirmés, cela justifierait des discussions avec le concerné, à savoir s'il est prêt à corriger ces problèmes. En cas de blocage, bien entendu cela se ferait au détriment de la carrière du concerné. Si les problèmes ne sont pas confirmés, que des signalement sont réitérés et restent non-confirmés, il conviendra de s'enquerir des motivations du dénonciateur, et de le sanctionner s'il apparaît qu'il s'agit d'un délateur et non d'un dénonciateur.
Voilà pour l'aspect répressif.

Il convient également d'encourager les bons comportement. A mon sens, il s'agirait de ne plus permettre aux chefs d'établissement lors de leurs évaluations de leur personnel de présenter tout le monde comme fabuleux, mais d'avoir à donner un classement de l'efficacité qu'il constate de son personnel (satisfaction du public, contact avec les collegues et la hierarchie), en motivant le classement de chacun. On pourra admettre des classement par groupe. Il s'agira en fait de ralentir un peu les éléments qui semblent vraiment poser problème et d'accélérer l'évolution de ceux qui apparaissent très compétents.
Il convient aussi dans la foulée de permettre une certain mobilité lorsqu'elle est désirée. Untel qui s'estime mal évalué par sa hierarchie devrait être encouragé à aller dans un autre établissement.
(j'ajoute que la hierarchie serait aussi concernée par la démarche respective présentée précédemment - ainsi, des évaluations de complaisance ou de harcèlement ne serait pas sans effet).

Alors bien sur, une telle approche devrait avoir de nombreux contradicteurs. C'est vrai que la question se pose de savoir s'il est sympathique de risquer d'instaurer un mauvais climat de travail du fait du risque de dénonciation et d'investir dans des structures de contrôle plutôt que directement dans les structures de terrain.
Mais je pense que la situation actuelle nuit à l'image des fonctionnaires et qu'elle favorise aussi de mauvais climats car il y a impossibilité de régler réellement certains problème qui ne peuvent même pas être exprimés.

Je n'offre pas une solution clef en main. Ce sont des pistes de reflexion. Je crains que de telles reflexions en fassent frémir, mais je pense qu'il y va de l'intérêt de tous.
Et évidemment, de telles solutions devraient, s'il y avait une volonté politique en ce sens, être mise en place progressivement, avec finesse, et non en insultant et accusant les fonctionnaires de tout et n'importe quoi.
Il s'agirait de tenir compte des avis des concernés sur les critères qu'ils estiment viables pour telle ou telle évaluation. Il ne faut pas voir cela comme une approche d'affrontement contre la fonction publique, ni une volonté de pervertir son sens en la transformant en une machine privée, mais uniquement y voir la volonté de donner plus de moyens à ceux qui ont une vraie vocation de service public et d'inviter les autres à se trouver une place plus conforme à leurs volontés.

(la digression ne gagne pas en concision ! mais le sujet est vaste)

Anonyme a dit…

Bon, rassurez vous, Baygon Jaune, je ne parlerai que des cantines. Et je ferai relativement court. ^^

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Je vous plussoie une fois encore : neuf fois sur dix ce n'est pas pire qu'au restaurant, bien moins cher, les repas sont nettement plus équilibrés : comme vous le dites, manger des légumes, quelle horreur!

Je n'ai qu'un reproche, mais de taille, à faire aux cantines SCOLAIRES: privilégier le haché, le reconstitué, qu'on n'a pas à couper, qui est prédigéré. D'accord, c'est plus "facile" de nourrir des enfants ainsi. Mais c'est une hérésie diététique, car cela provoque une digestion trop rapide, d'où sensation de "creux", d'où grignotage... d'où incitation à l'obésité.
Et la lutte contre l'alimentation déséquilibrée et ses conséquencs, c'est un de mes dadas.